Les 50 millions disparus de l'AP-HP
Diplomatie médicale ou gaspillage? Des organisations
étrangères solvables accusent une dette de près de 50 millions d’euros envers
l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.
C’est un secret bien gardé du monde hospitalier, déterré en
temps de crise. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui entend
développer et réorganiser l’accueil de patients étrangers a un autre chantier
prioritaire à l’international : se faire rembourser les frais médicaux dus par
des centaines de malades venus de l’autre rive de la Méditerranée, du golfe
Persique et même… des Etats-Unis! Selon nos informations, l’ardoise s’élève à
près de 50 millions d’euros. Un montant non négligeable quand on le compare à
celui du déficit des hôpitaux parisiens : 90 millions d’euros en 2011.
Premier débiteur, l’Algérie accuse une dette d’environ 20
millions d’euros. Viennent ensuite le Maroc (plus de 10 millions d’euros) et
les pays du Golfe (10 millions d’euros), la Tunisie (environ un million
d’euros). D’autres Etats doivent des sommes moindres (inférieures au million
d’euros) : pays africains, Portugal, Etats-Unis, Libye… "C’est une vieille
histoire. L’AP-HP est un outil diplomatique pour la France. Des dirigeants étrangers
viennent se faire opérer chez nous. On va les chercher à l’aéroport en
ambulance toutes sirènes hurlantes, on leur dispense des soins de qualité et on
ferme les yeux sur les factures qu’ils n’acquittent jamais", détaille
Patrick Pelloux, le célèbre urgentiste syndicaliste.
Régulièrement évoquée mais à mots et chiffres couverts par
la chambre régionale des comptes d’Île-de-France, cette "vieille
histoire" fait grincer des dents en période d’austérité budgétaire.
"Il y a dix ans que nous essayons de mettre cette ardoise sur la table. En
vain. Mais ce qui était toléré devient moins supportable en période de course
aux euros, pointe Loïc Capron, médecin syndiqué et président de la commission
médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP, le parlement des blouses blanches.
On fait payer par les assurés sociaux pas toujours fortunés les créances de
gens aisés", appuie Patrick Pelloux.
Les mauvais payeurs sont solvables
Si tous ces mauvais payeurs, censés fournir une provision
pour leurs soins sur devis à leur arrivée dans les établissements parisiens, ne
sont pas riches, ils sont solvables. Il ne s’agit pas de sans-papiers
bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat (AME) ou d’enfants atteints de
malformations graves que la France opère gratuitement par souci humanitaire,
mais de personnes couvertes par une assurance santé dans leur pays ou adressées
par les ambassades.
Comment une telle dette a-t-elle pu s’accumuler? Selon
Patrick Pelloux, "les hôpitaux ont longtemps été peu performants en
matière de facturation et de recouvrement". "C’est un dossier
prioritaire. Les choses avancent", indique-t-on à l’AP-HP. Dans d’autres
gros CHU aussi, des patients étrangers ont longtemps disparu des écrans de la
gestion hospitalière. "Des intérêts croisés sont en jeu. Le gouvernement
ferme les yeux au nom du prestige de la France", décrypte un chef de
service aux Hospices civils de Lyon, où l’ardoise internationale se chiffre
aussi en millions d’euros. "Certains mandarins qui ont une activité
libérale au sein de l’hôpital public, le fameux privé à l’hôpital, y trouvent
leur compte : ces malades qui ne paient pas l’hôpital règlent rubis sur l’ongle
leurs dépassements d’honoraires. Sans parler des effets positifs sur leur
réputation au Maghreb ou au Moyen-Orient."
Une HONTE et après les agents doivent s entendre dire au il n y a pas d argent!!!
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